Les trolls russes et les agents politiques

Quelle est la différence entre un agent politique et un troll Internet? La réponse n'est pas aussi claire que vous ne le pensez. Le mois dernier, le New York Times a rapporté que «un groupe d'experts démocrates en technologie» avait créé des campagnes numériques lors des élections spéciales du Sénat en Alabama, inspirées par les opérations d'influence russe ciblant les électeurs américains en 2016. Nous avons depuis appris de rapports supplémentaires que plusieurs groupes étaient mener des campagnes similaires ciblant les électeurs de l'Alabama lors de cette course de 2017. Certaines de ces publicités, telles que celles suggérant faussement que le personnel du candidat républicain Roy Moore travaillait avec un botnet russe, ont clairement franchi une ligne rouge éthique. D'autres, comme la création de pages Facebook anonymes pour persuader les électeurs républicains de ne pas voter pour Moore, étaient sommaires mais pas contre les règles de Facebook pour les publicités politiques à l'époque. Il convient également de noter que d'autres groupes de dépenses indépendants, y compris les super PAC, menaient probablement également des campagnes publicitaires qui ne semblaient pas ou ne se sentaient pas si différentes que les tactiques supposées d'inspiration russe. Et leur argent proviendrait également d'une petite poignée de donateurs anonymes aux poches profondes. La nouvelle selon laquelle des agents politiques américains ont utilisé des tactiques de pêche à la traîne russes pour influencer les électeurs a suscité beaucoup d'inquiétudes, notamment du vainqueur de cette élection, le sénateur Doug Jones, qui a appelé à une enquête fédérale.En 2016, des trolls russes ont opposé les Américains les uns aux autres, a tenté de réprimer les électeurs afro-américains et a appelé à la violence. Ils continuent d'opérer sur les plateformes de médias sociaux et notre gouvernement fait peu pour les arrêter. Il est bouleversant de penser que les professionnels politiques américains pourraient déployer des tactiques similaires. Mais la vérité est qu'il y a une mince ligne entre les trolls et certains pros politiques. Les campagnes politiques et les groupes de dépenses indépendants ont adopté une variété de stratégies et de tactiques louches qui impliquent de cibler les électeurs avec un comportement trollish, et l'intervention de la Russie aux élections américaines n'est qu'un élément d'un problème beaucoup plus vaste. L'année dernière, une enquête de BuzzFeed News a découvert un site de nouvelles hyperpartisan connecté à plusieurs super PAC pro-Trump. Le site a utilisé les titres de Clickbait pour générer des inscriptions par e-mail et probablement créer une liste de collecte de fonds lucrative. Ensuite, il y a le gouverneur de Floride Ron DeSantis et le candidat républicain au Sénat de l'Arizona Kelli Ward et son mari, qui étaient les admins d'un groupe Facebook de conspiration raciste alors qu'ils étaient sur la piste de la campagne, un fait qu'ils n'ont pas révélé jusqu'à ce qu'ils soient capturés. Le fondateur d'Oculus Palmer Luckey, débordant de centaines de millions de dollars après avoir vendu à Facebook, a été critiqué pour un don de 10000 $ à un super PAC dédié à soutenir Donald Trump en créant et en diffusant des mèmes négatifs `` shitpost '' sur Hillary Clinton. Les consultants politiques pour ceux qui ont travaillé pour Roy Moore en Alabama possèdent et exploitent maintenant Big League Politics, un site d'information conspirateur pro-Trump, tout en continuant à travailler pour des clients politiques. L'expert en lutte contre le terrorisme, Clint Watts, a prédit que cela deviendrait une pratique courante pour les campagnes politiques américaines d'embaucher des fermes de pêche à la traîne, et les recherches du Computational Propaganda Research Project de l'Université d'Oxford suggèrent qu'il s'agit d'un problème mondial qui s'aggravera avant de s'améliorer. Corporate America a également essayé la pêche à la traîne comme stratégie, notamment lorsque Facebook a embauché une société de communication républicaine qui exploitait son propre agrégateur de nouvelles qui a publié des histoires négatives sur les concurrents de Facebook et poussé les recherches de l'opposition sur George Soros, suggérant qu'il finançait des groupes opposés à certains Les pratiques commerciales de Facebook. L'American Fuel & Petrochemical Manufacturers, une association commerciale pour les sociétés pétrolières, a récemment été surpris en train d'esquiver les règles de transparence des publicités de Facebook pour diffuser des annonces politiques qui masquaient qui les payait entièrement. Les électeurs américains sont particulièrement vulnérables à être ciblés par la pêche à la traîne politique. Notre système de financement de campagne permet aux riches donateurs de donner de l'argent illimité et pratiquement introuvable à des groupes extérieurs, et presque tout le monde peut créer un super PAC pour prendre ces contributions avec peu de divulgation. Les règles relatives aux publicités politiques en ligne sont douloureusement obsolètes et l'agence chargée de les réglementer, la Commission électorale fédérale, est à peine fonctionnelle, d'autant plus que l'administration Trump refuse de remplacer les commissaires à l'expiration de leur mandat. Facebook, Google et Twitter ont tous récemment mis à jour leurs politiques, mais il n'y a pas de loi ou de règlement en place pour les tenir responsables, et la loi proposée par les membres du Congrès dans la trémie a peu de chances de passer de sitôt. Qu'est-ce que tout cela signifie? Grâce à notre système de financement de campagne cassé, les riches intérêts peuvent dépenser un montant illimité pour influencer nos élections, et grâce au sabotage intentionnel de la FEC, il n'y a presque aucun mécanisme pour arrêter les mauvais acteurs '' qu'ils soient étrangers ou nationaux. Et grâce à Big Tech, un nouvel écosystème d'information vaste et très influent est désormais extrêmement susceptible d'être détourné par des menteurs et des propagandistes à des fins politiques. Le problème n'est pas seulement que les agents politiques ont adopté la tactique russe. C'est que notre système politique n'est pas construit pour supporter le poids de la pêche à la traîne des acteurs hostiles. Ce qui s'est passé dans la course au Sénat de l'Alabama n'était pas une anomalie, mais notre nouveau cap normal jusqu'en 2020. Jusqu'à ce que notre système de financement des campagnes subisse de graves changements structurels, les électeurs américains continueront d'être vulnérables à la pêche à la traîne de toutes sortes », que ce soit de Russie ou de notre propre arrière-cour. Melissa Ryan écrit Ctrl Alt-Right Delete, un bulletin hebdomadaire couvrant l'extrémisme et la toxicité en ligne.